BEAU BRUIT | cultures sonores

L'attente du grand-duc (Relevé de son n°5)

Publié le 30 Novembre 2009 par beau bruit dans Relevés de son

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L'attente du grand-duc – Calce 14/11/09 19:12 4'46
À la tombée de la nuit, avec le Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR) sur un surplomb rocheux vers Calce au-dessus de la D117, on espère entendre huer le grand-duc.

Cet enregistrement n'est qu'un extrait de l'attente qui a tu et immobilisé une petite trentaine de personnes pendant presque quarante minutes. L'écoute est fascinante à enregistrer, d'autant plus lorsqu'il s'agit de tout un groupe aux aguets, probablement parce qu'il y a peu d'occasions dans la vie où de tels moments d'attention collective sont possibles. Je décide de couper l'extrait juste avant que le grand-duc ne se manifeste... Frustrant ? mais mon enregistrement était trop mauvais ! Laissons ça aux professionnels !

Restes tout frais d'un repas du grand-duc et fientes caractéristiques.
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Répulsifs (Relevé de son n°4)

Publié le 20 Novembre 2009 par beau bruit dans Relevés de son

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Répulsifs – Ille 02/11/09 22:12 1'20

On a entendu parler du Mosquito ou “répulsif anti-jeunes”, dont la version commercialisée en France porte le doux nom de Beethoven. Cet appareil émet des fréquences très aiguës que seules les personnes en-dessous de 25 ans en moyenne peuvent percevoir (car nous perdons tous de l'acuité auditive avec l'âge). Il est utilisé pour éviter les rassemblements de jeunes sans distinction, principalement aux devantures de magasins, de banques, dans des cours d'immeubles ou sur des spots à skaters indésirables. Malgré quelques cas de justice, aucune législation sur ce type d'appareils n'existe en France. Il semblerait que seulement 20 % de la population puisse percevoir ce type de sons et que ceux qui font les lois ne les entendent bien sûr pas.

Jamais je n'aurais pensé être confronté à ça dans ma petite ville tranquille... Et puis, depuis deux ou trois mois dans une rue résidentielle passante, installés autour d'une maison particulière aux volets constamment clos, trois appareils émettent jour et nuit. Chacun pulse huit saccades (deux courtes et deux longues, deux fois) sur neuf secondes puis se tait pendant le même temps. La multiplication des appareils produit l'effet d'une diffusion continue. Le tout s'entend à plus de dix mètres de la maison.

Mais Chiu Longina, spécialiste du sujet, m'a “rassuré” : ces appareils-là sont des répulsifs anti chiens et chats, employant le même principe que le Mosquito mais à moindre intensité (95 dB environ au lieu de 118 dB), des boîtes à ultra-sons qu'on achète pour une trentaine d'euros dans les magasins de jardinage. Mais s'il ne s'agissait que d'ultra-sons, je ne pourrais pas les entendre...

La présence permanente de ce son est inquiétante voire provocante, qui plus est émanant d'une maison “aveugle”, inhabitée. Ce son est particulièrement prégnant. Il est devenu quasi obsessionnel pour moi. Parfois je crois l'entendre dans d'autres parties de la ville, comme s'il parvenait jusqu'à moi par un coup de vent. Ou encore, j'entends un son similaire déclenchant le souvenir des répulsifs, qui se mettent alors à siffler depuis ma mémoire.


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Zeppelin 2009

Publié le 19 Novembre 2009 par beau bruit dans Annonces

Deux pièces sonores, Relax ! nous sommes en démocratie et Riot radio hit, feront partie de la programmation du festival barcelonais Zeppelin du 11 au 13 décembre. Riot radio hit est un nouveau mixage (et un titre légèrement différent) d'une pièce réalisée en 2008 pour Radio Papesse, version qui remplace la précédente. Cette édition 2009 de Zeppelin a pour thème “Sons de la peur / À l'écoute du pouvoir”.


[Zeppelin est un festival barcelonnais dédié aux arts sonores et possédant deux particularités. L'une est de diffuser les pièces sous forme d'installation multiphonique. L'autre de travailler la programmation sous des angles politiques. Cette année, Zeppelin prend acte du recul des libertés individuelles et de la destruction des acquis sociaux. Nous traduisons la liste de questions que désire soulever l'édition 2009, pour inspirer les créateurs sonores, musicaux et radiophoniques à l'envoi de pièces de leur composition (échéance le 15 novembre) :

1. Que signifie donner ou recevoir un ordre ?
2. Nous savons que les verbes “ouïr” et “obéir” ont des liens très proches. Alors, comment pouvons-nous considérer une société qui semble toujours plus prête à obéir sans s'arrêter de penser ? Quel lien existe-t-il entre obéir et croire ?
3. Pourquoi avons-nous besoin de vérités absolues, même dans des domaines où l'on sait que cela est impossible ? Pourquoi pensons-nous que nous savons déjà tout ? Avons-nous besoin d'apprendre les techniques ou pas ? Pourquoi pensons-nous que n'importe qui peut faire n'importe quoi ? Ne devrions-nous pas respecter le savoir-faire ? Dans quelle mesure le terme d'“art” est-il pertinent ?
4. En quel sens sommes-nous passés de l'aliénation dans le travail à l'aliénation dans toutes, ou presques toutes, les sphères de la vie ? Avons-nous perdu la conscience de l'aliénation ?
5. Que signifie le contrôle au nom de la sécurité ? Ne nous sentons-nous pas en sécurité ? Pourquoi autorisons-nous des choses au nom de la démocratie, que nous condamnerions sous une dictature ?
6. Une société de bien-être, est-ce une société de croissance ? (John Cage disait : “Je ne sais pas si la vie se caractérise par le progrès.”) Pourquoi croyons-nous que nous vivons dans le meilleur des mondes ?
7. Quel(s) rôle(s) jouent les sons dans une société de bien-être et de croissance ? Ont-ils un lien avec la disparition de la vie privée ? Dans quelle mesure les voisins sont-ils devenus un nouveau système de contrôle aux mains de l'État ?
8. Comment voyons-nous le fait que nos intruments pour organiser les sons s'apparentent à ceux qui sont conçus pour le contrôle ? Existe-t-il une relation entre organiser et contrôler ?
9. À une époque où les mots sont dévoyés jusqu'à ce que leur nouvelle acceptation soit fixée par une loi, et où les gens en désaccord risquent d'être brocardés comme intolérants, comment pouvons-nous démasquer les perversions de langage sans entraîner de plus grands discrédits ?

Article publié originellement sur Syntone]
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